Née dans la pauvreté, elle aurait été destinée à y rester, mais Alabedi Koumeyalou entrevoit désormais une lueur d’espoir grâce au Fonds National de la Finance Inclusive, FNFI. Koumeyalou quitte les bancs sans aucun diplôme, non seulement pour cause de manque de moyens financiers, mais aussi parce qu’elle était une fillette qui tombait trop souvent malade. Et pourtant, aujourd’hui grâce à l’inclusion financière elle est une femme autonome. Retour sur son histoire.
Les épreuves rencontrées durant l’enfance créent des failles que l’on peut tenter de combler toute sa vie. Alabedi Koumeyalou s’est longtemps sentie désavantagée par la vie à cause de sa santé défaillante, et de la précarité dans laquelle vivait ses parents. Adulte, elle s’est ouverte à la pratique religieuse pour apprendre à vivre pleinement. “C’est à 12 ans que ma vie a connu sa première fracture. Après un énième épisode de mauvaise santé, mon père a décidé qu’il fallait que j’arrête mes études. Je n’étais pas trop d’accord, mais je n’avais pas le choix. À l’époque, on parlait moins aux enfants, on décidait à leurs places. J’ai vécu ça comme un abandon », explique-t-elle amertume. Les années suivantes, elle assistait sa maman dans son commerce et rendait très souvent visite à sa grand-mère. « Sa maison accueillante, ses bons repas et son amour m’ont donné une base, même fragile, pour toute ma vie », affirme-t-elle.
Alabedi Koumeyalou a assisté en grandissant aux défis auxquels était confrontée sa mère en tant que femme au foyer qui a très rarement eu des Activités Génératrices de Revenus AGR. « Je l’ai vue être humiliée par sa belle-famille et parfois mon père, car elle ne rapportait pas de l’argent dans le ménage », raconte-t-elle. « Toutes ces choses vécues par ma mère m’ont renforcées dans l’idée qu’une femme doit être économiquement active pour mériter le respect dans son environnement ». Et quand ses lui parlent de mariage, elle refuse catégoriquement. C’est avec une somme de 8000 FCFA qu’elle s’achète des oignons pour revendre. On était en février 2008. Elle réussit à écouler ses soignons et gagne de l’argent pour la première fois de sa vie.
Quelques mois plus tard, elle se marie finalement et devient mère en 2011. Mais ce que gagnait son mari suffisait à peine à lui-même. « S’il réussit à économiser un peu, il me le donne pour essentiellement acheter les besoins de notre enfant. Mais c’était dur, très dur » déclare Koumeyalou. A l’occasion, le couple était obligé de solliciter l’appui d’amis et de parents. C’est dans ces conditions qu’elle reprend son activité en 2013 et trouve une place dans le marché de Kara. En 2015, lors d’une réunion organisée par la présidente des femmes du marché, elle entend parler pour la première fois des produits FNFI. Sans hésiter, elle fait les démarches et devient bénéficiaire des produits FNFI. « Le FNFI a été un ouf de soulagement pour moi. J’ai non seulement renforcé mon commerce d’oignons, mais j’ai ajouté la revente des épices. Et ça marche ».
Qu’elles travaillent à la maison ou à l’extérieur, qu’elles soient employées ou indépendantes, l’inclusion financière fournit aux femmes les outils pour accumuler des biens, générer des revenus, gérer les risques financiers et participer pleinement à l’économie. Mieux, elles utilisent leurs revenus en priorité pour le bien-être de leur famille, ce qui n’est pas systématiquement le cas des hommes. Koumeyalou pense prioritairement à la scolarité et à la santé de ses trois enfants. « Mes enfants doivent réussir. J’épargne pour leurs études » conclue-t-elle.