BLITTA, REGION CENTRALE, Habillée en tissu coloré et tête enveloppée dans une grande voile qui contraste avec la succession monochrome de dunes et d’arbustes entourant la tente sous laquelle elle est installée, dame OURO ADEÏ Salama affiche le même regard satisfait et le sourire éclatant de ceux qui sont fiers d’avoir accompli quelque chose d’important. Elle montre fièrement ses bassines de céréales et s’exprime : « Avant, je passais toute la journée à faire le ménage et à m’occuper des enfants, maintenant, je m’occupe et je contribue aux finances du ménage. » Retour sur le parcours de dame OURO ADEÏ Salama, bénéficiaire du produit Accès des Pauvres aux Services Financiers, APSEF du FNFI.
Si elle a toujours été revendeuse de céréales depuis qu’elle s’est mariée, les choses ont pris une autre tournure il y a près de 6 ans, lorsque Salama est devenue bénéficiaire des produits FNFI. « J’ai participé début 2016 à une séance d’information animée par ma sœur Zibo Laouratou. Je me suis rendue compte que les taux d’intérêts des produits FNFI étaient nettement avantageux. Avec 4 autres femmes, nous avons constitué un groupement et nous avons eu les prêts. C’était le produit APSEF », raconte Salama.
Avec le produit APSEF, Salama s’emploie à réaliser son rêve. Stocker et revendre des céréales, notamment, le maïs. En effet, de nos jours, le maïs se produit à toutes les périodes de l’année, de sorte que s’est développé autour de cette denrée un commerce de grande ampleur depuis le stade du maïs frais jusqu’aux produits transformés. Dans la majorité des endroits de Blitta et du Togo, le type de cultures qui peuvent être plantées dépend de la saison. Si bien que les agriculteurs plantent le maïs et d’autres céréales au début de la saison des pluies, puis les récoltent à la saison sèche suivante.
Ils veulent tous, vendre une partie de leurs cultures juste après la récolte pour pouvoir payer leurs factures et acheter des semences et d’autres intrants pour la saison suivante. Une grande quantité de céréales sur le marché entraine généralement une baisse des prix. Par contre, si on attend quelques mois, que tout le monde ait vendu ses céréales, on observe que les prix vont habituellement (mais pas toujours !) commencer à remonter. Le prix est généralement au plus haut, juste avant la prochaine récolte, lorsque les stocks sont au plus bas.
L’idée de Salama, c’est de trouver les ressources afin d’acheter et stocker du maïs et d’autres céréales et de revendre lorsque les prix sont plus hauts. Il est à noter que bien d’autres éléments peuvent avoir une influence sur le prix du maïs, y compris les importations de céréales en provenance d’autres pays. Si bien que la configuration peut varier d’une année à l’autre. Mais, Salama est convaincue qu’elle peut augmenter nettement ses revenus avec le stockage. Il lui fallait donc du financement pour commencer. Elle raconte : « je devais acheter quelques sacs de maïs pour débuter. Mais je n’avais pas les moyens pour les achats. J’ai entendu parler d’une structure qui fait des prêts. Malheureusement, le taux d’intérêts était élevé. En plus, ils ne m’ont pas satisfait dans la période que je voulais ».
C’est donc avec le Produit APSEF qu’elle se lance en fin 2016. « J’ai commencé avec 4 sacs de maïs stockés. Les prêts successifs m’ont permis d’augmenter ma capacité de stockage du maïs et surtout de diversifier. Aujourd’hui, je stocke aussi du soja et d’autres céréales »
Cette activité nécessite d’avoir des céréales de bonne qualité qui respectent certaines normes minimales. Pour cela, une bonne gestion après les achats est vitale. Salama dispose d’un petit magasin pour conserver la qualité de ses produits. Très connue dans sa rue, elle permet désormais à son entourage d’affronter au mieux les périodes de disette. « Je suis mieux considérée aujourd’hui. En période de disette, les gens savent qu’ils peuvent trouver des céréales chez moi. Et c’est grâce au produit APSEF du FNFI »
Déployés dans toutes les régions du Togo depuis près de 8 ans, les produits FNFI transforment la vie de nombreux ménages ruraux. « Ici à Blitta la vie des femmes a beaucoup changé avec le FNFI », témoigne OURO ADEÏ Salama. Et elle complète pour conclure : « Personnellement je viens de déposer mes dossiers pour avoir le produit Nkodédé. Ça va me permettre d’avoir un second magasin de stocks. Actuellement je manque de place ».